Les protéines, une arme contre la sarcopénie ?
Lutter contre la sarcopénie, qui correspond au déclin de la masse et des fonctions musculaires avec l’âge, nécessite une adaptation de son alimentation.
La sarcopénie touche un nombre important de personnes âgées. Associée au processus de vieillissement, elle se caractérise par une fonte des muscles. Des modifications de l’équilibre entre les processus de synthèse et de dégradation des protéines constituant le muscle sont susceptibles d’expliquer ce phénomène.
Cette perte de masse musculaire aboutit à de nombreuses conséquences fonctionnelles et métaboliques. Elle s’accompagne d’une réduction de la force et en conséquence participe à la perte d’autonomie et au risque de chute chez le sujet âgé.
Quelles solutions nutritionnelles mettre en place pour limiter cette perte de masse musculaire ? Comment améliorer la biodisponibilité des facteurs anaboliques ?
La sarcopénie : quelques explications physiologiques
La perte de masse musculaire résulte d’une perte protéique nette et donc d’un déséquilibre entre la synthèse et la dégradation protéique musculaire. Au cours du vieillissement, il semblerait qu’une résistance à certains facteurs anaboliques apparaisse, en particulier une résistance à la stimulation de la synthèse protéique musculaire par la prise du repas.
Comment améliorer la synthèse protéique ?
Suite à un repas, la vitesse de synthèse des protéines musculaires augmente. Cet effet régulateur de la prise du repas s’émousse avec l’âge.
Si on considère que l’augmentation des apports protéiques reste inefficace pour pallier ce phénomène, une des stratégies intéressantes à mettre en place serait de concentrer l’apport protéique sur un seul repas. Ainsi, chez la femme âgée, l’ingestion de 80% des apports protéiques journaliers sur un seul repas provoquait une amélioration de la balance azotée par rapport à un régime où l’apport protéique était distribué de façon équitable sur 4 repas.
D’autre part, à l’instar de la classification des glucides, les protéines se distinguent en fonction de leur vitesse de digestion. Ainsi, la consommation de protéines rapides chez le sujet âgé pourrait permettre d’améliorer l’anabolisme musculaire post-prandial.
Ces interrogations ouvrent de nombreuses perspectives de recherche expérimentale et clinique.
Un apport en protéines, combiné à une activité physique, est une piste pertinente pour limiter la survenue de la sarcopénie mais pas n’importe quelle protéine et pas n’importe quand. D’autre part, d’autres nutriments jouent un rôle pour maintenir la masse musculaire :
– La vitamine D
– Les acides gras polyinsaturés EPA et DHA et l’acide oléique
La vitamine D
La prévalence de la carence en vitamine D est élevée chez le sujet âgé. Dans ce contexte, plusieurs enquêtes épidémiologiques révèlent qu’un faible statut en vitamine D est toujours associé à une diminution de la masse, de la force et des capacités contractiles musculaires chez la personne jeune ou âgée.
A l’inverse, un apport supplémentaire de vitamine D améliore significativement les paramètres musculaires classiquement recherchés.
Les acides gras polyinsaturés EPA et DHA et l’acide oléique
L’apport d’acides gras EPA et DHA et d’acide oléique permettrait un effet stimulant du repas sur la synthèse protéique musculaire.
3 phénomènes pourraient expliquer la hausse de résistance anabolique
1 – le stress oxydant
2 – l’inflammation
3- la lipotoxicité
L’apport de protéines de haute valeur nutritionnelle (caractérisée notamment par leur vitesse d’absorption), la chronobiologie des apports et l’environnement des protéines (apport de vitamine D, d’acides gras) sont autant de paramètres à prendre en compte et à étudier pour mettre en place des stratégies nutritionnelles permettant de combattre la sarcopénie.
Article réalisé à partir de l’intervention de Stéphane Walrand, INRA, UMR1019, UNH, CRNH Auvergne, lors des 15èmes Entretiens de Nutrition de l’Institut Pasteur de Lille
RETOUR EN HAUT DE PAGE
voir tous les articles de la catégorie