Sédentarité, fléau du siècle ?
Près d’un tiers des Français passent plus de 5 heures et demie par jour assis. Une sédentarité qui pèse sur la santé.
Sédentarité et inactivité physique ne doivent pas être confondues. Tandis que la sédentarité correspond principalement au temps passé assis (au bureau, à la maison, dans les transports…), l’inactivité physique caractérise un niveau insuffisant d’activité physique modérée à élevée, soit en France un niveau inférieur à 30 minutes d’activité physique par jour.
Dans les 2 cas, ces comportements ont des répercussions importantes sur la santé. Selon l’OMS, environ 3,2 millions de décès chaque année seraient attribuables au manque d’exercice.
Pour quelles raisons et comment faire pour bouger plus et prendre sa santé en main ? Des éléments de réponse avec les experts conviés aux 14èmes ateliers de l’Institut Pasteur de Lille.
Bouger, enjeu majeur pour la santé !
La Haute Autorité de Santé (HAS) a reconnu l’activité physique comme thérapeutique non médicamenteuse validée*. L’article 144 de la loi de modernisation de notre système de santé adopté fin 2015 reconnait la prescription d’une activité physique adaptée dans le cadre du parcours de soin pour les personnes atteintes d’affections longue durée. Cette reconnaissance de l’activité physique sur la santé est soutenue par de nombreuses études scientifiques ayant démontré ses bienfaits.
Ainsi, dès les premiers seuils de pratique (15 minutes d’activité quotidienne), la mortalité globale est réduite de 15% et entraîne une augmentation de 3 ans de l’espérance de vie.
De façon plus spécifique, des recherches ont pu montrer l’intérêt de l’activité physique sur :
- les maladies cardiovasculaires, avec notamment un meilleur contrôle sur la tension artérielle
- le diabète de type 2 dont elle diminue de 65% le risque de survenue
- la prévention du surpoids et de l’obésité : impact sur le poids et sur la réduction des désordres biologiques associés (hypertension, hypercholestérolémie…)
- la prévention et le traitement de nombreux cancers : l’activité physique génère des effets positifs avant, pendant et après le traitement. C’est notamment l’un des seuls moyens de lutter efficacement contre la fatigue induite par les traitements.
- La santé cérébrale et les capacités cognitives, chez l’enfant comme chez le sujet âgé
- Le ralentissement des processus de vieillissement…
Les bénéfices de l’activité physique en termes de santé, d’espérance de vie et de prévention à chaque période de la vie sont tels qu’il est essentiel de l’intégrer dans tout plan de santé national et plus généralement dans le quotidien de chacun. Parmi les pistes à étudier : la modification des modes de déplacement en favorisant la mobilité active, en aménageant espaces publics et les intégrant dans les cahiers des charges publiques (plan local d’urbanisme, voieries, projets d’urbanisation et d’aménagement …).
« Plus on passe de temps devant un écran, plus le risque d’obésité s’élève et moins on marche. Et après 25 ans, regarder 5 heures la télé par jour équivaut à 5 années de vie en moins ».
*Développement de la prescription de thérapeutiques non médicamenteuses validées, Haute Autorité de santé (rapport 2011).
Synthèse réalisée à partir de la conférence du Pr Jean-François Toussaint, IRMES, Institut Médical de Recherche bioMédicale et d’Epidémiologie du Sport (INSEP), EA7329, Université Paris Descartes, Sorbonne Paris Cité, Centre d’investigations en médecine du sport, Hôtel-Dieu (AP-HP)
Sédentarité et inactivité : Pourquoi les distinguer ? Comment les mesurer ?
La sédentarité doit être distinguée de l’inactivité physique. Elle est définie comme une situation d’éveil nécessitant peu de dépenses énergétiques et correspond principalement au temps passé assis au cours de la journée. C’est une notion récente qui n’apparaît dans les études scientifiques que depuis 2010.
Il est important de différencier ces deux notions car un bon niveau d’activité physique ne protège pas des effets de la sédentarité !
- Quel niveau de sédentarité en Europe ?
Selon l’Eurobaromètre 2014, 69% des Européens restent entre 2,5 et 8,5 heures assis et 54% déclarent ne pratiquer aucune activité physique dynamique au cours d’une semaine type.
Les niveaux actuels de sédentarité sont en partie dus à un manque de pratique d’exercice physique pendant les temps de loisirs et à une augmentation des comportements sédentaires au cours des activités professionnelles et domestiques.
Or, selon un faisceau d’études, la sédentarité augmente la mortalité toutes causes confondues. Et plus le temps passé en position assise augmente, plus les conséquences sur la mortalité sont importantes.
- Comment lutter contre la sédentarité au quotidien ?
Il est nécessaire à la fois de réduire le temps total en position passée assise et de rompre les périodes prolongées passées en position assise par quelques minutes de mouvement, par exemple se lever 1 minute toutes les heures ou 5 à 10 minutes toutes les 90 minutes et de marcher.
D’ailleurs, le temps passé debout, même s’il entraîne une dépense énergétique faible, est associé à une diminution significative de la mortalité.
« Il faut rompre avec la sédentarité en plus de faire de l’activité physique ».
Synthèse réalisée à partir de la conférence du Pr Martine Duclos, CHU de Clermont-Ferrand, Service de Médecine du Sport et d’Explorations Fontionnelles.
Les politiques de promotion de l’activité physique en Europe
En 2015, la Commission européenne a organisé la première « semaine européenne du sport ». Plus de 7000 événements ont été organisés dans les différents pays de l’Union européenne et 6 millions de personnes y ont participé.
Longtemps resté dans le giron des états membres, le sport a pris une dimension européenne depuis 2009 et l’introduction de l’article 165 dans le traité de Lisbonne.
Si l’Europe ne peut bien sûr pas légiférer sur la pratique sportive, elle peut néanmoins donner des orientations générales et appuyer l’action des états dans ce domaine.
Parmi les priorités de l’Union européenne figure la promotion de l’activité physique et la lutte contre les comportements sédentaires, avec la mise en avant d’une nouvelle notion celle d’APBS pour Activités Physiques Bienfaisantes pour la Santé et 3 recommandations :
- Encourager l’éducation physique dès le plus jeune âge et à tous les niveaux d’éducation (parents, école…)
- Favoriser les interactions entre la santé, l’école et le secteur sportif
- Favoriser les interactions entre les autorités locales et le secteur privé (notamment en ce qui concerne la politique de transport, les infrastructures…)
Mais pour concrétiser son action, il faudrait que dans le futur l’Union Européenne réponde à la fois à une exigence de proximité, pour toucher les citoyens au plus près de leurs contraintes et à une exigence d’ouverture et de transversalité pour sortir du concept valide, mais restrictif de sport-santé.
« Créer des expériences positives d’activité physique chez les enfants et réintroduire l’activité physique dans notre quotidien sont 2 messages généraux et simples qui peuvent guider les politiques européennes autour de l’activité physique. »
Synthèse réalisée à partir de la conférence de Maxime Leblanc, Responsable des Affaires Européennes du think tank Sport et Citoyenneté.
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