Préface/Ouverture – Mme Bernadette Laclais
Palais-Bourbon – Salle Colbert – 28 novembre 2013
Je crois qu’il était particulièrement opportun d’organiser ce colloque dans ce lieu et selon le calendrier que vous avez choisi. Ce calendrier me semble fort pertinent dans la mesure où il se situe entre l’annonce par Madame la Ministre de la stratégie nationale de santé et d’une loi qui devrait nous permettre de concrétiser un certain nombre de propositions. Je suis persuadée que les échanges d’aujourd’hui pourront constituer des bases solides de travail pour les élus qui s’impliqueront dans ce texte.
- Je remercie donc très chaleureusement la Fondation PiLeJe et l’Institut Pasteur de cette initiative,
- Je remercie le docteur LECERF d’avoir accepté la présidence de cette journée de travail,
- Je remercie également à tous les intervenants qui vont s’exprimer,
- Je salue tout particulièrement mes collègues de l’Assemblée nationale qui interviendront, Denis JACQUAT et Gérard BAPT, et participeront aux tables rondes,
- Je n’oublie pas Yves BUR, qui n’est plus député aujourd’hui mais qui a marqué de sa présence et de ses contributions la Commission des affaires sociales pendant plusieurs mandats.
En quelques mots, je voudrais simplement souligner ce que vous avez déjà dit, mais qui me semble mieux pris en compte, y compris par les élus. C’est la conviction que notre système de santé reste, encore aujourd’hui, trop ancré dans le curatif et pas assez dans le préventif. Toutes les études qui nous sont présentées montrent que la prévention est le parent pauvre de la politique de santé, alors même que nous savons que beaucoup de maladies surviennent souvent en raison d’habitudes de vie de nos concitoyens. Nous avons choisi de nous centrer aujourd’hui sur les maladies métaboliques et cardiovasculaires, mais nous pourrions parler d’autres maladies.
Ces habitudes de vie pourraient être modifiées. Évidemment, nous savons les réticences que cela peut susciter, ainsi que les difficultés culturelles et sociales. Il n’en demeure pas moins qu’il existe des possibilités de faire avancer les choses et qu’il faut que les pouvoirs publics se saisissent de cette question.
Vous avez rappelé les chiffres par l’intermédiaire du texte de Madame la Ministre. Les études sont là. Elles sont très éloquentes. À un moment donné, il faut passer du constat à une prise en compte et à une mise en oeuvre qui, je l’espère, seront clairement exposées dans le texte de loi qui nous sera proposé.
Nous savons qu’il existe des obstacles. Nous savons qu’il n’est pas si simple de changer les choses. Aujourd’hui, le but est peut- être aussi de répertorier ces difficultés, de réfléchir à la façon d’inscrire une politique de prévention dans un parcours de santé. Comment responsabiliser les citoyens ? Je ne parle pas uniquement des malades, dès le plus jeune âge.
Comment sensibiliser les médecins ?
Nous devons jeter les bases d’une contribution à la future loi de santé publique, en nous servant des données comparatives de ce qui existe dans différents pays. Des concertations sont organisées. Je crois que la contribution du travail de cette journée pourrait parfaitement être versée aux débats préparatoires à ce texte.
Nous savons également, et je crois qu’il faut le souligner, que selon le lieu où l’on vit, selon la région dans laquelle on vit, les risques ne sont pas tout à fait les mêmes. On développe davantage certaines maladies dans certaines régions. Certains enfants sont plus touchés par l’obésité dans certains quartiers ou dans certaines villes. Nous savons aussi qu’il existe des risques environnementaux. Bien sûr, nous devons prendre en considération l’ensemble de ces données pour pouvoir faire avancer les choses.
Je voudrais, en tant que parlementaire, souligner un point qui m’a beaucoup marquée, peut- être parce que je suis encore récente dans cette Maison et que j’ai aussi eu l’occasion d’entendre ce qu’un certain nombre de nos concitoyens nous disent.
Souvent, quand on regarde les députés ou les sénateurs à la télévision, au moment des débats dans l’hémicycle, ou lorsque l’on assiste à la diffusion des comptes rendus de commissions, on a l’impression que les parlementaires sont plutôt attachés aux questions financières, qu’ils parlent surtout du projet de loi de finances de la Sécurité sociale. Évidemment, on peut avoir le sentiment que nous n’aurions que ce prisme pour analyser une politique de santé.
Oui, il existe des contraintes financières et budgétaires. Nous le savons. Elles doivent être prises en considération, nous ne pouvons pas nous en extraire. Toutefois, le rôle du législateur va bien au- delà. Faut-il le rappeler ? Je ne sais pas, mais notre volonté est de faire en sorte que nos concitoyens vivent bien, plus longtemps, et vivent mieux plus longtemps. En effet, il ne sert à rien de vivre beaucoup plus longtemps si c’est pour vivre dans des conditions de vie dégradées et avec une perte d’autonomie. Ce qui est souhaitable pour tous, ce qui est un objectif individuel vers un intérêt collectif, c’est bien évidemment que chacun puisse vivre le plus longtemps possible en étant autonome et dans de bonnes conditions de santé.
J’aimerais reprendre la formule du docteur LECERF, qui m’a beaucoup plu : « La santé de l’homme, de tout l’homme et de tout homme ». Je crois que nous pouvons faire nôtre cette formule que vous aviez utilisée au Sénat l’année dernière et qui, je crois, devra être le fil conducteur de la réflexion des parlementaires. En ayant bien sûr à l’esprit que tout cela doit s’inscrire aussi dans une logique que l’on ne doit pas perdre de vue : le maintien de l’équilibre de nos comptes sociaux.
On le sait : la prévention est sans doute la clef qui permettra aussi d’alléger les coûts. Il est moins coûteux de faire de la prévention que de faire du curatif. C’est une lapalissade, mais il faut encore le répéter pour que les choses soient bien comprises. Cependant, il ne faut évidemment pas sous- estimer les difficultés.
Pourquoi est- ce si difficile ? Parce qu’il faut aussi faire partager cet objectif à ceux qui sont concernés, qu’ils soient malades ou qu’ils ne le soient pas encore.
Prenons l’exemple des ronds- points. Les gens nous demandent pourquoi on en installe autant. Il est sûr que celui qui n’a pas eu d’accident ne voit pas l’intérêt du rond- point. C’est un peu la même chose avec la prévention. Certes, comparaison n’est pas raison, mais c’est un peu cela. Il faut expliquer aux personnes qu’il vaut mieux prévenir que guérir. Cela nécessite de changer le regard que l’on porte sur soi- même. La relation avec les médecins doit aussi changer. Une pédagogie doit être inventée, car c’est souvent dès le plus jeune âge que l’on prend les bonnes ou les mauvaises habitudes. Beaucoup de choses se jouent entre 0 et 6 ans, on le sait bien. C’est sans doute à cet âge- là que l’on peut le mieux mettre en œuvre une pédagogie de prévention.
Cela me laisse espérer que sans doute, par le biais des réformes actuelles, notamment celle qui touche à l’école, avec une bonne articulation entre les acteurs de la santé, les associations qui travaillent sur ces questions, les collectivités locales et l’État, nous aurons la possibilité d’imaginer des cycles de formation pédagogique destinés aux plus jeunes et qui répondraient à des questions simples, mais fondamentales, susceptibles de les passionner. J’en suis persuadée.
Le champ est ouvert. Je souhaitais simplement essayer de tracer quelques perspectives, et surtout vous remercier de contribuer à alimenter la réflexion des députés qui se pencheront avec détermination sur cette question. Ils sont bien conscients qu’ils ne peuvent pas agir seuls. Ils ont besoin de tous les acteurs de santé pour pouvoir promouvoir une nouvelle vision des choses. Je serai heureuse de me faire le relais de vos contributions auprès de la Commission des affaires sociales.
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