Conclusion du colloque – Valérie Fourneyron
Palais-Bourbon – Salle Colbert – 28 novembre 2013
L’ensemble des études, nationales, internationales, qui ont été publiées toutes ces dernières années, nous montre que la pratique sportive est un outil de prévention primaire contre la sédentarité bien sûr et contre toutes les maladies qui y sont liées. Prévention secondaire pour un certain nombre de pathologies parmi les plus fréquentes : l’hypertension artérielle, le diabète. Et prévention tertiaire avec l’ensemble des études qui ont pu être menées, par exemple par l’INCA, sur les récidives en matière de cancer, cancer du sein chez la femme, cancer du côlon chez l’homme.
Depuis des années, une multitude d’études nous montrent que l’activité sportive peut être réellement intégrée à une politique de santé publique. C’est pour cela que le 10 octobre 2013 j’avais, avec Madame Marisol Touraine, la ministre de la Santé et des Affaires sociales, présenté en Conseil des ministres une communication commune sur ce sujet autour de deux grands axes de travail.
Le premier : permettre l’accès au sport pour tous. Il y a encore de grandes inégalités d’accès à la pratique sportive. Des inégalités liées aux conditions sociales, aux équipements, aux lieux d’habitat. Nous devons aujourd’hui permettre que la pratique sportive soit la plus ouverte et la plus facile possible. Bien entendu, elle démarre à l’école.
Le deuxième axe dans cette communication est celui de la prise en charge. L’accompagnement des publics spécifiques, qui ont une pathologie chronique, rend nécessaire une adaptation de l’ensemble du réseau. C’est pour cela que nous avons souhaité qu’il y ait, sur chacune des régions françaises, la mise en place de réseaux sport-santé- bien-être.
Le travail est mené entre les agences régionales de santé, les directions régionales de la jeunesse et des sports et de la cohésion sociale, pour que sur chaque territoire nous puissions construire ce réseau. Avec l’aide des services de l’Etat, avec les collectivités locales, qui sont toujours au rendez-vous. Avec le mouvement sportif, le secteur de l’économie sociale et solidaire, mais aussi, bien sûr, la profession médicale, des partenaires mutualistes, des partenaires privés.
Ces réseaux permettent à des publics qui ont des pathologies, des facteurs de risques, qui sont aujourd’hui pris en charge par des services hospitaliers, de trouver le chemin de la pratique sportive qui leur permettra de limiter les effets de leur pathologie, voire de diminuer les risques d’un certain nombre de ces pathologies chroniques.
Nous avons voulu être au rendez-vous aussi sur le plan financier, à la fois sur le FIR dans les agences régionales de santé, sur le CMDS dans mon ministère. Nous avons financé chacun de ces organismes à hauteur d’ 1,5 million d’euros, soit 3 millions au total pour accompagner la mise en place de ces réseaux sport santé bien-être. J’ai voulu qu’au sein du ministère, au sein de cette réorganisation souhaitée, la dimension sport santé soit au rendez-vous, avec un pôle ressources sport santé qui nous permet de faire remonter, d’évaluer, mais aussi de partager l’ensemble de ces expériences réalisées sur le terrain, l’ensemble des partenariats qui se créent, avec un Conseil scientifique qui est aujourd’hui présidé par le Professeur Martine Duclos, dont on connaît l’expérience sur le CHU de Clermont.
Nous voulions créer cette dynamique en ayant en tête la nécessité d’aller plus loin avec trois axes prioritaires. Le premier, c’est de prendre en compte l’annonce que la Haute Autorité de santé faisait dès 2011 autour des thérapeutiques non médicamenteuses. L’étude économique montre que quand la pratique sportive est régulière, on économise environ 250 euros par an en coûts sociaux, ce qui représente une économie potentielle de 6 milliards d’euros.
Permettre donc qu’il y ait une prise en compte de thérapeutiques non médicamenteuses, d’aller plus loin, comme l’a fait la ville de Strasbourg autour de la prescription de pratiques sportives. De plus en plus de médecins prescrivent du sport, recommandent à leurs patients d’en faire. Il faut que nous avancions sur cette prescription non médicamenteuse du sport.
La formation des acteurs qui prennent en charge ces publics spécifiques est nécessaire. Formation des éducateurs sportifs, formation dans le champ de l’économie sociale et solidaire, de nos jeunes en emplois STAPS. Dans la formation des médecins, on trouve assez peu de place pour la pratique sportive, si ce n’est dans ses risques traumatologiques, dans ses risques de surentraînement et un peu moins dans ce qu’elle peut apporter en termes d’outil de santé publique. Nous avons signé une convention entre l’université, les STAPS et les doyens de faculté de médecine pour que davantage de passerelles existent entre ces dispositifs de formation.
Le troisième axe sur lequel nous voulons progresser, c’est la prise en compte de la réalité de ce champ en termes d’emploi. J’aime citer en exemple ce que nous avons mis en place en Bretagne pour l’activité physique et sportive dans les EHPAD, dans les résidences de personnes âgées dépendantes. A cette occasion, 50 emplois ont pu être créés autour de cette pratique sportive adaptée, l’emploi étant évidemment l’une des priorités du gouvernement aujourd’hui pour les jeunes de notre pays.
Voilà un véritable enjeu. Enjeu de politique publique qui doit nous permettre, collectivement de progresser.
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